Ce mouvement international défend l’agriculture paysanne au nom de la souveraineté alimentaire. En trois décennies, il a réussi à trouver une place à la table des institutions mondiales.
"Nous, les paysans, les peuples autochtones, les femmes rurales, les travailleurs agricoles, les jeunes de nos zones rurales, produisons tout en ravivant la biodiversité et en émettant très peu de gaz à effet de serre : la polyculture et l’élevage, comme le pastoralisme ou l’agroforesterie traditionnelle, sont des modèles d’économie d’énergie, de capture du carbone et d’entretien des milieux riches en diversité sauvage et cultivée. Ainsi, avec nos savoir-faire et nos compétences, l’agriculture paysanne permet de nourrir plus de 70 % de la population mondiale avec moins de 30 % des ressources productives. »
Pour porter ces millions de voix paysannes, un mouvement international, La Via Campesina s’est créé en 1993. Face à l’accaparement des terres, la marchandisation du vivant, entrainant leur précarisation, La Via Campesina défend l’agriculture paysanne au nom de la souveraineté alimentaire.
La Via Campésina insiste sur le fait que des modes de production agroécologiques diversifiés, gérés par les paysans et basés sur des siècles d’expérience et de preuves accumulées, sont essentiels pour garantir une alimentation saine à chacun, tout en restant en harmonie avec la nature.
Pour parvenir à la souveraineté alimentaire, La Via Campesina se mobilise et milite pour une réforme agraire dans les territoires paysans et propose des formations sur les méthodes de production agroécologiques. Cette coalition mondiale est également une plateforme permettant à ses membres du monde entier de communiquer et de mener des actions de solidarité, des mobilisations et des campagnes communes pour défendre la terre, l’eau, les semences et les forêts.
Au cours des trois dernières décennies, La Via Campesina a réussi à trouver une place à la table des institutions mondiales de gouvernance telles que l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture, la Décennie des Nations Unies pour l’Agriculture Familiale, le Mécanisme de la Société Civile et des peuples autochtones (MSC) du Comité sur la Sécurité Alimentaire mondiale (CSA), etc.
La Déclaration des Nations Unies sur les droits des paysan·nes et des autres personnes travaillant dans les zones rurales, adoptée par l’Assemblée générale en 2018, résulte de 17 ans de négociations patiemment menées par La Via Campesina et ses alliés. Cette Déclaration fait partie des instruments internationaux essentiels qui défendent les droits des petits producteur·ices alimentaires et constitue un outil crucial pour la mise en œuvre de la souveraineté alimentaire.
Actuellement, La Via Campesina regroupe 182 organisations locales et nationales dans 81 pays d’Afrique, d’Asie, d’Europe et des Amériques. Au total, elle représente environ 200 millions de petits producteur·ices alimentaires. Dans le monde entier, La Via Campesina compte plus de 70 écoles et programmes de formation basés sur l’éducation populaire, qui est une méthode et une approche qui met en avant la diffusion à grande échelle de l’agroécologie au niveau territorial et le renforcement de la souveraineté alimentaire des peuples. Tous ces processus de formation agroécologique sont construits et organisés par les organisations membres de La Via Campesina.
La Via Campesina est un mouvement autonome, pluraliste, multiculturel, politique dans sa revendication pour la justice sociale et indépendant de tout parti politique, économique ou autre type d’affiliation.
La Via Campesina est un mouvement constitué de nombreux mouvements. Ce n’est pas une Fédération ou une ONG avec des structures rigides, des employé·es et des financements. En tant que mouvement, elle articule la voix des paysan·nes et défend leurs droits dans les espaces à tous les niveaux. Pour cette raison, La Via Campesina ne s’engage pas dans des projets sociaux à court terme, et n’est pas non plus une entité qui “met en œuvre des projets sur le terrain”. Son autonomie et son authenticité viennent du fait que La Via Campesina est avant tout la voix des personnes qui travaillent la terre et nourrissent le monde.
La Via Campesina assure une représentation directe des communautés rurales et de leurs représentant·es dans les espaces de gouvernance et de négociation mondiaux, régionaux et nationaux. La Via Campesina ne parle pas “au nom” des paysan·nes. Les paysan·nes qui forment ce mouvement mondial s’expriment directement au niveau international.
- Mercredi 18 janvier 2023
- Afrique, Asie, Europe et les Amériques
- la via campesina