Les Micro-organismes Génétiquement Modifiés avec Christophe Noisette

Depuis les années 90, la commercialisation de produits OGM concerne surtout le végétal. Si les animaux ont parfois pu faire parler d’eux avec du saumon transgénique ou des vaches modifiées par Crispr, ce sont surtout maïs, soja, coton et colza qui ont tenu le haut du pavé. Pourtant, dans les milieux clos que constituent les fermenteurs, des bactéries, levures et autres champignons unicellulaires ont également été modifiés génétiquement pour produire des molécules utilisées par l’agro-industrie. Le premier organisme génétiquement modifié vivant fut même une bactérie !

Christophe Noisette, rédacteur pour le journal infOGM, nous explique que l’on retrouve ces micro-organismes génétiquement modifiés (MGM) dans tous les domaines de la vie : l’alimentation, la brasserie, les parfums, les peintures, les agrocarburants, les produits d’entretients… et aussi dans l’agriculture, sous l’appellation de « biocontrôle ».

Tout est « bio » dans l’économie actuellement. Le biocontrôle s’inscrit dans cette bioéconomie… Mais ce mot, biocontrôle, est tout d’abord un énorme fourre-tout, pratique pour noyer le débat et éviter les sujets qui fâchent. L’Association française des fabricants de produits de biocontrôle (IBMA) compte parmi ses adhérents BASF, Bayer, Corteva, Limagrain, Syngenta, etc. Et le nombre de brevets sur des « solutions » de biocontrôle a explosé ces dix dernières années, tout comme les parts de marché. La récupération de l’agroécologie passe désormais par ce nouveau vocable. Il s’agit de vendre de nouveaux produits, estampillés « écolos ».

Pulvérisations d’ARN modifiés dans les champs, silençage génétique, biologie de synthèse générée par ordinateur (in silico)…. Le développement de ces biotechnologies avance à grande vitesse et ne permet pas au Vivant de s’adapter ! Les intérêts économiques des multinationales passe avant toute chose. L’État a d’ores et déjà simplifié les procédures administratives d’autorisation des nouveaux produits de biocontrôle. Cependant, comme la notion n’est pas clairement définie, il est probable que, insidieusement, ces allègements profitent à des technologies qui n’ont rien de durable.

Le biocontrôle reste aussi dans le paradigme actuel de la division du travail. Ces solutions sont proposées pour les agriculteurs par des entreprises. Les solutions qui peuvent être réalisées à la ferme, comme les préparations naturelles peu préoccupantes (purin d’orties, etc.), sont marginalisées via des demandes d’autorisation complexes et inadaptées. Les solutions de biocontrôle reconnues par les pouvoirs publics sont produites par des start-ups ou des multinationales. Le biocontrôle ne permet donc pas, sous cette forme du moins, aux agriculteurs de se réapproprier leur outil, des façons de faire. Ils continuent d’être dépossédés de leur autonomie technique. Ces biotechnologies s’inscrivent également dans le paradigme actuel du réductionnisme scientifique et de « l’action/réaction », à l’heure où nous devrions plutôt ouvrir notre champ de vision vers le global, pour comprendre les interactions et mécanismes et du Vivant, dans l’espace et le temps !

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