L’Humanité survivra-t-elle à l’agriculture (et à la technologie) ?
Et pourquoi la permaculture ?
À l’instar du docteur Michel Odent, qui pose une question essentielle dans son livre intitulé « L’Humanité survivra-t-elle à la médecine ? », nous nous interrogeons plus globalement sur l’anthropocène et posons la question :
l’Humanité survivra-t-elle à l’agriculture (et à la technologie) ?
« La forêt précède les peuples, le désert les suit » : comme nous l’avons maintes fois souligné, l’anthropocène apparaît aujourd’hui comme une fin annoncée des principaux systèmes vivants de la planète, et donc de notre propre espèce.
La raison ? L’agriculture (et son corollaire, la technologie).
Nous pensons en effet que le choix de société qui consiste à produire notre nourriture, notre énergie et nos matériaux au moyen de l’agriculture, choix qui prend son origine il y a plus de 10 000 ans, est la cause fondamentale des problèmes gigantesques que rencontrent l’Humanité et la planète aujourd’hui.
Entre autres conséquences catastrophiques, ce choix historique a très rapidement entraîné la
déforestation massive de la planète, la
création de déserts à des échelles continentales, le plus rapide épisode d’extinction massive des espèces vivantes de toute l’histoire de la Terre (
biocide), la destruction de ses processus vitaux et de ses
patterns fondamentaux (notamment de sa capacité d’
autorégulation), et la destruction de la plupart de ses écosystèmes terrestres et aquatiques. Au point aujourd’hui de menacer la capacité de la Terre à rester en vie (
géocide) – et donc sa capacité même à porter la vie.
L’agriculture comme moyen de production de la nourriture, des matériaux et de l’énergie a aussi très rapidement eu pour conséquences une extrême dégradation de l’efficacité et de l’harmonie du corps social, ainsi que de la qualité de vie des personnes, depuis l’alimentation et la santé jusqu’à la sécurité, l’économie et la gouvernance.
Autrement dit, «
la différence entre la forêt et le désert, ce n’est pas l’eau, mais l’homme« , avec ses systèmes de plus en plus scandaleusement
improductifs et non soutenables : organisation du corps social d’une part, agriculture et autres systèmes de production de la nourriture, de l’énergie et des matériaux d’autre part. (Par exemple, l’agriculture consomme aujourd’hui 15 à 20 calories pour en produire 1.)
« La forêt précède les peuples, le désert les suit« , la phrase souligne aussi que l’agriculture et nos autres systèmes de production constituent le choix du minéral (ou choix du feu) contre le choix de la matière organique et de l’abondance des ressources (ou choix de la photosynthèse).
C’est aussi le choix de la dépense faramineuse d’une énergie extrêmement coûteuse et polluante, contre le choix de la récolte d’une énergie naturelle, spontanée, illimitée et gratuite.
Et donc le choix d’une société intrinsèquement esclavagiste, inégalitaire, coercitive, violente et insécure, contre le choix d’un monde pacifique et juste.
L’Humanité survivra-t-elle à l’agriculture (et à la technologie) ?
La question est de savoir si nous sortirons de l’anthropocène par l’extinction des plus grandes formes de vie (et de notre propre espèce), ou s’il existe une autre issue.
Heureusement oui, il existe une autre issue. (À condition toutefois qu’on en fasse le choix, et c’est là justement que réside notre responsabilité aujourd’hui.)
En dernière analyse, cela consiste essentiellement à :
– reforester massivement notre planète ;
– produire de manière soutenable de quoi répondre à nos besoins vitaux ;
– réorganiser le corps social de manière efficace et harmonieuse.
Pour ce faire, la permaculture propose la seule solution rapide et simple qui ait jamais fonctionné (valable aussi pour la ville) :
aux systèmes scandaleusement inefficaces désignés ci-avant, elle substitue des systèmes extrêmement performants basés sur des forces spontanées et gratuites – les processus régénératifs fondamentaux des systèmes naturels.
Ils permettent de produire l’eau, la nourriture, l’énergie, l’habitat, les matériaux, de gérer les déchets et d’organiser le corps social, de manière à la fois harmonieuse et hyper productive, soutenable, écologique et éthique, tout en reforestant massivement et en régénérant les écosystèmes et le climat.
La permaculture offre ainsi une issue enthousiasmante à l’Humanité, et un futur juste à la Terre.
CONCLUSION
Un monde au climat à nouveau auto-régulé.
Un monde vert – reforesté, diversifié et sain.
Un monde aux ressources abondantes et quasi gratuites.
Un monde en paix.
Un monde égalitaire.
Tel est le programme de la permaculture.
« Alors que les problèmes du monde deviennent de plus en plus compliqués, les solutions
demeurent honteusement simples. » (Bill Mollison, co-fondateur de la permaculture)
Éric Escoffier, Sylvaine Anani
Permaculture sans frontières
Eric Escoffier
Permaculteur & formateur en permaculture
Après avoir enseigné les mathématiques et multiplié les expériences dans l’humanitaire, Eric Escoffier part vivre en Martinique en forêt tropicale. Puis il s’installe en forêt méditerranéenne sèche dans le sud-est de la France. Devenu crudivore, il se met à faire pousser des plantes et des arbres importants pour le futur, puis il se consacre plus systématiquement aux expérimentations et à la théorie dans les domaines de la reforestation, de l’autosuffisance vivrière locale, des plantes comestibles et utiles, et des systèmes de culture régénératifs. Finalement, il décide de se former spécifiquement à la permaculture. Il passe plusieurs PDC avec les pionniers de la permaculture internationale et africaine (Bill Mollison, Geoff Lawton, Rosemarry Morrow, Robyn Francis, Joel Glanzberg et John Nzira), dont deux PDC en Afrique. Il passe aussi 8 mois en Afrique de l’Est, dont 3 mois au Kenya pour démarrer un projet de reforestation. Depuis 2009, tout en continuant recherches et expérimentations, il intervient comme enseignant et consultant en permaculture et systèmes régénératifs au sein de l’organisation Permaculture sans frontières et de l’association Les Mains Sages – Permaculture.
“Il faut prendre conscience que nos systèmes ne sont pas efficaces, alors que la nature, elle, est efficace. Une première illustration : la production de la nourriture. Il se trouve que depuis 10 000 ans s’est imposé un système dominant de production de la nourriture, que l’on appelle l’agriculture. Ce n’est pas le seul système, ce n’était pas le système majeur des sociétés précoloniales. L’agriculture en tant que système de production de la nourriture est d’une inefficacité abominable…”
2 conférences et 1 formation
par Éric Escoffier
« Sol, fertilité, matière organique, eau, climat dans le cadre de la permaculture et des systèmes régénératifs«
. Conférence – samedi 23 novembre – Aubagne – Maison de la Vie Associative – 18h
gratuite, sur réservation (obligatoire)
. Conférence – jeudi 28 novembre – Marseille – Cité de l’Agriculture – 18h45.
gratuite, sur réservation (obligatoire)
. Formation 2 jours – weekend des 7-8 décembre 2024 – Saint-Zacharie
Laurence Camilleri Reporter.