«Et maintenant, quelle agriculture voulons-nous ? »
Quel lien avec nos terres et ceux qui la cultivent ?
Quel mode de distribution pour les produits locaux ?
N’étant ni agricultrice ni même fille d’agriculteur, ma perception du monde agricole est forcément partielle, mal documentée et biaisée par la vision quelque peu orientée qu’en donne des médias appartenant pour la plupart à de grands, très grands groupes industriels et commerciaux. Je n’ai donc aucune légitimité à me positionner ou même à simplement parler de la vie paysanne d’aujourd’hui, puisque pour le dire trivialement « je n’y connais rien ». En outre, comme en tout domaine, Il n’y a pas de solution idéale, pas de recette, et à chaque territoire ses problématiques.
Il n’empêche, les défilés de tracteurs, blocages d’autoroutes, vidages de grandes surfaces et largages de lisier de ces derniers jours démontrent tout de même qu’il y a un gros problème : ceux qui nous nourrissent n’arrivent plus à se nourrir eux-mêmes. Les raisons en sont évidemment multiples et je n’ai pas l’expertise pour en faire ici l’exposé.
Je peux en revanche parler de ce que je connais bien, de mon quotidien fait de choix en particulier concernant ce que je décide de manger, suivant la saison la provenance et le type d’exploitation dont est issue ma nourriture. J’habite dans l’Eurométropole de Strasbourg, un secteur hyper-urbanisé frontalier avec l’Allemagne, où le choix en enseignes de grandes distributions est pléthorique. C’est simple, j’ai accès à toutes les enseignes françaises et certaines allemandes dans un rayon de 5 km autour de mon domicile.
Mais Il est également possible de s’approvisionner en produits locaux et bio pour un budget pas forcément plus lourd dans ce même rayon de 5 km grâce aux circuits de vente direct, vente à la ferme, et magasins bio familiaux privilégiant les circuits courts qui sont également très présents dans le secteur. Pour le bassin de population eurométropolitain strasbourgeois dont je fais partie, il est donc possible d’exprimer quelle agriculture est souhaitée, soutenue, valorisée…en faisant simplement ses courses autrement.
D’une manière générale dans beaucoup de villages, on trouve à acheter des œufs, de la choucroute (nous sommes en Alsace hein ;-), des fraises, des pommes, des quetsches et des mirabelles voir du miel local. Ce développement des magasins de ferme est soutenu depuis 1988, par le réseau « Bienvenue à la Ferme » créé par les Chambres d’Agriculture afin de développer les circuits cours. En Alsace ce réseau compte près de 220 fermes (L’agriculture alsacienne – CHAMBRE D’AGRICULTURE ALSACE (chambre-agriculture.fr).
Côté agriculture biologique, près de 14% des fermes alsaciennes sont en production biologique (Bio d’Alsace | Bio Grand Est), et beaucoup n’hésitent plus à transformer leurs produits afin de proposer un rayon « traiteur » maison alléchant sans être plus cher, la marge des distributeurs classiques étant inexistante. Le prix payé pour chaque produit rémunérant directement l’agriculteur à la source, se nourrir ainsi devient un acte citoyen. Qui plus est, les « urbains pressés » y voient là une occasion de rééduquer leur palais ainsi que celui de leurs enfants…
Par ailleurs, les fermes urbaines ayant compris l’intérêt de rassembler un assortiment complet de produit du quotidien en un seul point de vente, des partenariats se sont mis en place afin de proposer le meilleur de chacun : Ferme Clauss | La Wantzenau | Facebook (exemple du post du 19 janvier de la ferme Clauss de La Wantzenau proposant les produits de la ferme Saint-Ulrich de Durningen).
Il va sans dire que plus la demande s’orientera vers les producteurs locaux et la vente directe, moins les grands distributeurs auront de marge pour imposer des prix d’achats indécents pour nos paysans et une inflation calculée pour les consommateurs que nous sommes tous. Mais entre agriculture raisonnée locale et produits discounts baladés d’un bout à l’autre de la planète, le choix du local est-il suffisant pour répondre à la détresse exprimée par les files de tracteurs ces derniers jours ? Rien n’est moins sûr, mais comme dit le colibri : je fais ma part.
Bienvenue à la Ferme, partout en France : Recherche – Bienvenue à la ferme (bienvenue-a-la-ferme.com)
Pour l’Alsace : Magasins bio priorisant le local:
Côté Nature (bio-cotenature.fr)
Fruits et Légumes d’Alsace et Graines d’Alsace trouvent progressivement leur chemin vers les supermarchés et hypermarchés locaux, preuve que la pression des consommateurs fonctionne même si ce circuit reste « prédateur » :
Fruits et Légumes d’Alsace (IFLA) (fruits-legumes-alsace.fr)
Les petites graines qui font du bien ! – Graines d’Alsace (grainesalsace.fr)
Les Circuits Courts : Olivier Gotorbe, apiculteur à Fréland – France Bleu
https://www.ferme-riedinger.com
Une expérience pour rapprocher autrement le producteur et le consommateur, preuve si l’en est qu’il y a bien là un sujet à creuser : https://www.lacabanedujardin.fr
Et quand arrive la saison, comme dans beaucoup de région de France, c’est le moment de se remettre à la cueillette :
Libres cueillettes de fraises – Fruits et Légumes d’Alsace (IFLA) (fruits-legumes-alsace.fr)
TÉMOIGNAGE DE DIANE (ALSACE) POUR CITIZEN-LIGHT