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Viviane Lambert, jusqu’à son dernier souffle

Viviane Lambert est décédée le 19 décembre 2022, à 77 ans, après un combat titanesque qui l’aura opposé à l’état, mais aussi à la presse. Durant 6 ans, cette femme discrète aura, contre son gré, marqué l’actualité française en raison de la volonté qui fut la sienne à « sauver son fils » contre le corps médical.

Viviane Lambert photo de Armel Joubert des Ouches

Une affaire médico-politico- judiciaire

Tout le monde se souvient de ce qui était convenu d’appeler « l’affaire Vincent Lambert ». Une incroyable bataille juridique entre une famille et l’Etat. Les « grands médias » parisiens s’étaient acharnés sur ce dossier comme un chien sur un os et il ne se passait pas une semaine sans que le nom de Vincent Lambert fasse la une de la presse française. Entre 2013 et 2019, fréquemment, dans le compte-rendu de leurs articles ou dans leurs reportages, accumulant les erreurs et les partis-pris, mêlant violence des mots et mépris à peine masqué pour la femme « catholique traditionaliste », des journaux français avaient pris pour habitude de dénoncer violemment la lutte dans laquelle Viviane Lambert avait fait le choix, aux côtés de son mari et de 2 de ses enfants, de s’engager. Pour alimenter leurs diatribes, des journalistes avaient pris pour habitude d’avancer comme arguments celui de … « l’acharnement thérapeutique ».

Un accident et tout bascule

Vincent Lambert est infirmier en psychiatrie lorsqu’il est victime, le 29 septembre 2008, d’un très grave accident de la route. Un traumatisme crânien le plonge dans un coma végétatif. Accueilli au centre d’éveil de Berck sur Mer, Vincent Lambert est transféré au Centre hospitalier de Reims. Le patient se réveille mais il est tétraplégique. Il est alimenté et hydraté par sonde. S’ensuit alors un très long processus médical, juridique puis politique qui va durer 6 ans. Le débat va porter sur le choix de le laisser en vie ou non.

Il n’y a jamais eu « d’acharnement thérapeutique »

La France ne parle plus que de cela. Pourquoi ? Parce que la loi Léonetti du 22 avril 2005 est augmentée dans le courant de l’année 2016, d’un nouveau paragraphe. Ce dernier renforce les droits des malades et des personnes en fin de vie en permettant notamment la sédation profonde et continue jusqu’au décès. Nous sommes alors en plein débat sur « le droit à mourir dans la dignité ». Mais au dire de Viviane Lambert, Vincent ne voulait pas mourir. Pour le maintenir en vie, Vincent était alimenté grâce à une sonde. « Vincent n’est pas dans un état végétatif, il ne l’a jamais été » ne cessait de dire Viviane Lambert. Son avocat Me Jérôme Triomphe confirmait ces propos affirmant, tout en s’appuyant sur des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux qu’il était dans un « état pauci relationnel. Il perçoit les douleurs et les émotions, c’est ce que disent tous les spécialistes de cette question. Nous l’avions d’ailleurs filmé en 2015 manifestant des relations avec ses proches ». En avril 2018, le tribunal administratif de Chalons-en-Champagne avait obtenu que le service médical dans lequel se trouve Vincent Lambert ne mette pas fin à son hydratation. Par ailleurs, Viviane Lambert que nous avons interviewé à plusieurs reprises, nous affirmait que son fils réalisait des progrès petit à petit « parce qu’il a juste besoin de quelqu’un pour s’occuper celui ». Elle était parvenue à commencer à lui donner à manger. 

Avant de mourir, une lente agonie

Tribunal administratif, cour d’appel de Paris, Cour d’appel de Reims, Conseil d’Etat, Cour Européenne des droits de l’homme, arrêts puis reprise des soins au CHU de Reims où il est accueilli… Après un invraisemblable imbroglio juridique, Vincent Lambert n’est finalement plus hydraté. Il meurt le 11 juillet 2019 après une agonie de 9 jours … Durant toutes ses années, Viviane Lambert s’était battue pour faire faire respecter le droit à la vie. 

Joint par téléphone, son avocat Maitre Jérôme Triomphe nous a indiqué que « la mort provoquée de Vincent fut un choc effroyable pour elle. Depuis la mort de son fils, elle sombrait dans une profonde dépression. Depuis 3 ans, elle souffrait terriblement de sa disparition. Elle était parvenue à vaincre son désespoir grâce une Foi profonde ».

Au printemps 2018, dans une tribune publiée dans le Figaro, 70 médecins et professionnels de la santé, spécialisés dans la prise en charge des personnes « cérébro-lésées » affirmaient que « Vincent Lambert n’était pas en fin de vie… », ajoutant qu’il devait être transféré dans un centre spécialisé.

Une procédure toujours en cours

Cette affaire n’est aujourd’hui pas terminée. Me Jérôme Triomphe nous apprend qu’une action en justice est toujours en cours devant l’ONU pour faire condamner l’Etat français. Le comité des droits des personnes handicapées de l’ONU doit rendre une décision dans les prochains mois afin de savoir si oui ou non « les droits de Vincent Lambert ont été violé… »

Photo de Armel Joubert des Ouches

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