Un mineur de 14 ans soustrait, de force, à sa maman
Un jugement « politique » selon son avocat
Rennes. 1er juillet 2022.
L’affaire est stupéfiante. Les faits tout d’abord. Ce 1er juillet dernier, Louis-Emmanuel, un garçon âgé de 14 ans se trouve au domicile de sa maman. Il vient de consommer des abricots secs mais aussi du raisin blanc. S’ensuit un malaise. Boutons sur le corps, plaques rouges, maux de gorges Tous les symptômes semblent présents : Louis-Emmanuel fait, semble-t-il, une réaction allergisante violente aux sulfites contenus dans le raisin… Par précaution, Stéphanie D, sa maman, qui élève seule, son garçon compose le 15. L’équipe médical qu’elle a au téléphone lui demande de parler au garçon. Une première question interpelle la maman : « Ils ont demandé à mon fils s’il était scolarisé. Je ne comprends pas que ce soit la première question qui soit venue à l’esprit des urgentistes dès qu’ils ont échangé avec mon fils ! Qu’est ce que cela pouvait signifier ? ». Question peut-être légitime car en ce 1er juillet, les écoles sont encore ouvertes. Peut-être a t-il fait une réaction à de la nourriture mangée à la cantine scolaire ? La réponse est non. L’adolescent n’est pas scolarisé…
Après quelques heures passées à l’hôpital, tous les symptômes de Louis-Emmanuel ont disparu. Le garçon souhaite rentrer chez lui. « Il n’y avait manifestement plus aucun danger, mais l’équipe urgentiste va s’ opposer assez violemment à notre départ », témoigne Stéphanie. « Alors que nous quittions l’établissement, un médecin et un interne, furieux, se sont précipités vers nous en nous menaçant qu’ils allaient prévenir la Police… ! ». Ulcéré par l’attitude des médecins, Stéphanie commet l’erreur de partir sans avoir signé la décharge de responsabilité médicale. « Mon fils allait beaucoup mieux, l’allergie avait disparu. Il n’y avait aucune raison de faire cela ».
22 heures de garde à vue
Le lendemain, 2 juillet, la police appelle au domicile de Stéphanie D. l’enjoignant de se rendre immédiatement au commissariat accompagnée de son fils. « Durant mes 22 heures de garde à vue, je peux témoigner avoir subi, sur place, un certain nombre de vexations de la part de mes interlocuteurs. Très vite, mon fils et moi avons été séparés puis ils m’ont conduit dans une pièce sans fenêtre. J’ai subi un véritable interrogatoire. On m’a fait comprendre que j’étais une mauvaise mère, que je ne prodiguais pas le minimum de soins à mon fils, alimentaires, affectifs, culturels ! Ils m’ont même menacé de me faire passer une expertise psychiatrique ! ». Une situation anxiogène qui conduit le garçon à subir de nouveaux malaises. De nouveau, l’hôpital est appelé… Le garçon est reconduit aux urgences. De là, on l’emmène dans un centre « pour jeunes en difficultés », puis dans une famille d’accueil à Vitré… dans l’attente que la Justice s’en mêle.
En service psy…
Depuis ce 2 juillet, le garçon a été arraché à son domicile familial. Il a été emmené « quelque part », on ne sait pas où au juste. Il y a quelques jours, le 18 juillet dernier, on apprenait qu’un juge avait rédigé une ordonnance de placement du garçon. Il a été décidé un placement pour une durée de 9 mois en ASE (Aide Sociale à l’Enfance). Jointe au téléphone ces dernières heures, Stéphanie D. nous apprenait que son fils avait été transféré dans un service de psychiatrie à Rennes.
Un jugement « politique »
« La justice a fait une description particulièrement choquante du garçon. Par ailleurs, on reproche à la maman de vivre en autarcie. Selon la Justice, cette situation présenterait un danger pour l’enfant ! ». Me Emmanuel Ludot est avocat au barreau de Reims. C’est lui défend les intérêts de la mère et du garçon. Joint au téléphone, Me Ludot témoigne qu’il n’a jamais vu un tel dossier. Nous nous sommes procuré le jugement du tribunal. Il est en effet d’une rare violence. « En fait, Louis-Emmanuel défend des idées monarchistes. Et alors ?! », s’interroge l’avocat. « Où est le problème ? La position du parquet est surprenante. On reproche également au garçon et à sa mère de vivre en dehors de la société, coupés du monde. Il est clair que la justice a déjà pris parti. Il va falloir qu’elle nous éclaire rapidement sur sa décision ».
Me Emmanuel Ludot nous a indiqué qu’il faisait appel de la décision. « J’estime déjà qu’il s’agit d’un jugement politique ». Affaire à suivre…
Des placements abusifs ?
Sans être directement lié à cette affaire, ce dossier n’est pas sans rappeler un certain nombre de placements, apparemment abusifs qui ont été portés à notre connaissance. Parmi les dossiers en cours, celui des deux filles de Nadine Plestan dans les Côtes d’Armor, Julie et Margaux. Le 17 novembre 2017, sur ordre du Tribunal de Grande Instance de Saint Brieuc, Julie et Margaux âgées de 8 et 10 ans au moment des faits, étaient retirées de leur maman « sans raison et en violation de tous les principes légaux », témoigne Nadine Plestan. Pour légitimer un placement à l’ASE – Aide Sociale à l’Enfance – la Justice invoque un problème « relationnel » entre la mère et ses filles. Une explication un peu trop courte quand on sait que depuis des années, de très nombreuses familles se plaignent, en France, de placements abusifs. Pas seulement en ASE, en Ehpad aussi. Nous reviendrons prochainement sur le sujet.