« L’Afrique, les OGM et Bill Gates » Un documentaire de Jean-Baptiste Renaud et Lila Berdugo Année de sortie : 2021

Derrière l’apparente philanthropie de Mister Microsoft, se cache un solide business centré sur la chimie comme le démontre cet implacable documentaire.

Derrière l’apparente philanthropie de Mister Microsoft, se cache un solide business centré sur la chimie démontre cet implacable documentaire.

Bien sûr, il faut toujours se méfier de l’hostilité qu’on éprouve envers les riches. Prenez Bill Gates. Après avoir mené la carrière que l’on sait, le fondateur de Microsoft s’est lancé dans la philanthropie. C’est son droit, non ? Et puis on ne peut nier que vouloir lutter contre la famine et le paludisme est une ambition tout à fait estimable. Le problème, parfaitement exposé dans ce documentaire, c’est que par sa puissance (sa fondation pèse 50 milliards de dollars), le milliardaire oriente lourdement les choix sanitaires et technologiques opérés par les gouvernements, notamment en Afrique.

Moustique génétiquement modifié

Or Bill Gates est un supporter zélé des organismes génétiquement modifiés (OGM). Il ne lui viendrait pas à l’idée de développer, par exemple, l’agroécologie nourricière, qui permettrait à des pays démunis de devenir autonomes sur le plan alimentaire et résilients face au réchauffement. Non : lui préfère verser 15 millions de dollars pour farfouiller dans les gènes du manioc en Côte d’Ivoire. Avec pour objectif – pas vraiment assumé – d’inventer un manioc ayant subi une mutagenèse (un bidouillage génétique apparenté aux OGM). Lequel arrangerait bien les grandes multinationales occidentales (Bayer-Monsanto, BASF…) qui, précisément, travaillent là-dessus, et dont Gates est parfois l’actionnaire.

Qu’adviendra-t-il pour les paysans ivoiriens si le manioc OGM, denrée de base des familles, détraquait l’agriculture locale ? Mister Microsoft ne s’est apparemment pas posé la question… pas plus que l’Union européenne, qui soutient financièrement le projet, en totale contradiction avec sa propre législation anti-OGM. Au Burkina Faso, la Fondation Gates finance – en toute opacité – la création d’un moustique génétiquement modifié destiné à éradiquer le paludisme. Beau projet… sauf qu’une étude menée au Brésil démontre que ce bricolage génétique contribue plutôt à renforcer l’insecte tueur. Là encore, les populations africaines jouent, malgré elles, les cobayes du milliardaire technophile. On a parfois raison d’être hostile aux riches !

un documentaire de Jean-Baptiste Renaud Lila Berdugo Année de sortie : 2021

Synopsis

Menée pendant trois ans, cette enquête révèle comment la fondation Bill et Mélinda Gates est devenue le principal financeur des expérimentations de génie génétique conduites en Afrique. Alimentée en partie par les dividendes de ses investissements dans les multinationales de l’agrobusiness comme Bayer/Monsanto, sa fondation finance des recherches qui y sont menées sans contrôle, notamment sur les gènes du maïs et du manioc ainsi que sur la modification génétique des moustiques. Le documentaire souligne aussi le rôle trouble joué par l’Europe. Officiellement intransigeante sur les OGM, à cause des risques potentiels pour la santé et l’environnement, l’Union européenne abonde pourtant les fonds privés créés par le milliardaire américain pour développer en Afrique ce qu’elle interdit sur son territoire.

 

Les enjeux partagés sont au cœur de ce documentaire. Il aborde de manière détaillée et rigoureuse de multiples sujets qui peuvent susciter l’intérêt et le débat autant au Nord qu’au Sud. Il sensibilise au philanthrocapitalisme, sujet d’ordinaire peu abordé, en décrivant bien la manière dont cette pratique faussement charitable sert les intérêts économiques de ceux et celles qui en usent. Il permet également de se questionner sur les notions de développement, de néocolonialisme et de technosolutionnisme.

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