« On se demande si on est des êtres humains »
Les chiffres affolent. Et ils ont de quoi. Plus de 3000 victimes, 60 morts par heure et plus de 700 enfants assassinés . La loi du Talion, œil pour œil, dent pour dent, a été réévaluée par Israël. D’un côté des terroristes anonymes du Hamas qui agissent en toute liberté sur un territoire qui reste pourtant le plus surveillé au monde et de l’autre un état qui répond en pilonnant à l’aveugle les populations de Gaza composée essentiellement de jeunes. Entre les deux, une presse qui elle a déjà choisi son camp, comme on a pu l’entendre sur les ondes de France-Culture avec les témoignages censés et responsables de 2 artistes, un israélien et une palestinienne ce vendredi 13 octobre.
« Tout me dit que je ne suis pas un être humain » explique l’écrivain Yara El Ghadban, écrivaine et anthropologue palestinienne auteur de « Je suis Ariel Sharon »
Résultat, ce conflit de 70 ans née de frontières inacceptables va sans doute embraser le monde et transformer cet acte de la démesure en un conflit mondial, avec aussi des menaces bien réelles de guerres civiles un peu partout en Europe. « Le calcul politique de Natanyahu serait d’obtenir l’évacuation totale de Gaza » évoque Idriss Aberkane, essayiste et expert en géopolitique, sur sa chaine suivie par près d’un million d’abonnés. «l’option « Samson » serait de créer un hiver nucléaire à l’échelle mondiale, pour Israël, puissance nucléaire, tout comme l’est le Pakistan ou encore l’Iran, qui officiellement n’est pas encore dotée de cette arme de destruction massive. «Les conséquences d’une évacuation de Gaza pourraient entrainer une menace irréversible pour Israël » poursuit Idriss Aberkane.
L’autre menace, et sans doute la plus plausible, est tout aussi inquiétante et beaucoup plus surnoise. L’évacuation totale de la bande de gaza pourrait entrainer un peu partout dans le monde, mais surtout en Europe et principalement en France, des actes de terrorisme, en représailles et par solidarité à tous ces civils tués de la bande de gaza, principalement des musulmans mais aussi des chrétiens.
Quand on connait la force de la « Oumma » de la religion musulmane, qui regroupe tous les musulmans sous la même bannière, il y a de quoi être inquiet. Petit rappel. En 2015, le 4 janvier, soit trois jours avant l’attentat contre Charlie Hebdo, le quotidien « Libération » décide de consacrer plus de 10 pages au dernier livre de Michel Houellebecq « Soumission ». Un roman d’anticipation qui annonçait en 2022 un président musulman. Ce 4 janvier, le quotidien fanfaronne en Une « Les positions du soumissionnaire » titre le quotidien avec en bonus plus de 10 pages consacrées au roman.
En quoi ce roman d’anticipation, aussi bien écrit soit il, pouvait-il justifier plus 10 pages d’analyses ?
Une converture incompréhensible sauf à faire du buzz. Et il l’a fait. Au delà de tout. Suite à cette promotion hors norme et comme attendu en matière de presse, toutes les télévisions embrayent. Et voilà Houellebec invité sur tous les plateaux de TV pour annoncer ce 7 janvier qui restera dans toutes les mémoires.
Le jour J, le romancier disparait des radars de la presse. Il est introuvable. Les frères Kouachi sont passés par là. Armés de Kalachnikov, à 11H30, ils mitraillent la rédaction de Charlie Hebdo. Bilan, 12 personnes assassinées, 11 blessés. Aucun regret de Laurent Joffrin, le directeur de la rédaction de Libération à l’époque de faits. Normal.
Un journaliste ne peut pas se sentir responsable puisque c’est lui le Roi. C’est lui le plus grand moralisateur de la vie publique. Aujourd’hui, face à ces massacres, la presse mondiale, dirigée par seulement 3 agences, semble avoir déjà choisi son camp.
Ce sera celui du plus fort et de la démesure, comme l’ont justement fait remarqué Yara El-Ghadban romancière palestinienne anthropologue et Nadav Lapid, réalisateur israelien sous le micro gêné du journaliste de France-Culture. « A écouter les média, on se demande si on est des humains» rapporte Yara El Ghadban.
Dans la couverture de ces massacres, la presse va encore une fois avoir un rôle considérable. Et je doute qu’il soit en faveur de la paix.
Comment expliquer que Monsieur Macron n’ait toujours pas appeler à un cessez le feu immédiat, comme du reste d’autres grandes puissances ? Un silence complice qui est pire que tout sauf pour les marchands d’armes, qui eux, se frottent les mains, tant qu’elles existent encore. A commencer par la France. En 2019, notre gouvernement avait déjà anticipé en augmentant son budget militaire de 20 %. A l’époque, c’était sans doute pour combattre l’arrivée de la Covid 19…
France-Culture
Avec philosophie
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Pierre Barnérias