Christine témoigne du calvaire qu’elle vit depuis depuis plus de deux ans, atteinte du covid long. Elle a perdu son emploi et se précarise dans un parcours de soins qui n’en finit pas, sans pour autant la soigner.
Je souhaite témoigner pour moi et pour mes compagnons d'infortune, comme je les nomme. Il faut que cela cesse.
Christine, 59 ans, était infirmière à la maison de retraite du Petit Saconnex à Genève.
Alors qu’elle était en service, soignant plusieurs personnes âgées isolées atteintes du covid, le 12 décembre 2020, elle a été testée positive au covid. Elle prend du Doliprane, chez elle « c’est la recommandation ». Deux jours plus tard, elle est aux urgences : on lui diagnostique une double embolie pulmonaire.
Les rendez-vous médicaux s’enchaînent alors pendant des mois: cardiologue, pneumologue, service covid long de l’hôpital de Genève, kiné, balnéothérapie, angiologue, neurologue, neuropsychologue, psychiatre, gastro-entérologue, allergologue, IRM cérébral, IRM médullaire, électromyogramme…Sans pour autant guérir Christine.
La liste des symptômes est longue : épuisement, essoufflement au moindre effort, troubles du sommeil, troubles de la mémoire et de la concentration, hyper sensibilité aux bruits, douleurs musculaires, articulaires et neuropathiques, troubles cutanés, dérèglement de la température corporelle, tachycardie, céphalées, névralgie cervico-brachiale et faciale, allergies alimentaires…
Pour accéder à ses rendez-vous médicaux, Christine a été contrainte de se faire vacciner contre le covid, alors qu’elle était malade du covid.
Au bout de deux ans de covid long, Christine témoigne de sa détresse, car « de nombreux médecins doutent de la nature physiologique du mal, invisible, dont nous souffrons, et l’attribuent à des troubles psychosomatiques, allant à l’encontre des hypothèses scientifiques et des conclusions des plus grands chercheurs internationaux. Il y a un réel manque de communication et de médiatisation ».
A cela s’ajoute une détresse sociale, car ses soins ne sont aujourd’hui plus pris en charge. Déclarée en maladie professionnelle – accident, le Groupe Mutuel décide de la passer en maladie simple en mars 2022. Une expertise est faite. Christine en sort « dévastée, anéantie au bout de trois heures par tellement de mépris et de condescendance ». L’assureur en conclut qu’elle est guérie et qu’elle ne percevra plus ses indemnités à partir du mois d’août.
Au mois de décembre, son employeur la licencie.
« Nous sommes amenés à sortir du système de santé, abandonnés, entraînant nos familles dans cet enfer fait de douleurs, d’épuisement physique et de désespoir, mais aussi dans la réalité de difficultés financières et de précarité. Pourtant notre maladie est reconnue officiellement par l’OMS. »
« C’est un réel cataclysme sanitaire et social, et il serait grand temps que nos politiques, hauts fonctionnaires et médias soient à la hauteur de ce problème de santé publique. »
- Vendredi 6 janvier 2023
- France/Suisse
- Christine une citoyenne