Un comité européen complice de l’industrie des pesticides Quand le SCoPAFF fait bloc avec l’agrochimie contre la protection des pollinisateurs. (Une enquête de Pollinis)

Pourquoi l’Europe a-t-elle jusqu’à présent refusé d’évaluer correctement les effets délétères des pesticides sur les abeilles ? POLLINIS a trouvé des pistes d’explication dans les 78 documents cachés de la Commission européenne, obtenus grâce à un travail acharné et une bataille judiciaire toujours en cours devant la Cour de Justice de l’Union européenne. L’ONG les a analysés en les croisant avec des documents émanant de l’industrie, collectés dans le cadre de cette enquête.

L’EFSA Bee Guidance Document et les néonicotinoïdes

Après deux décennies de mobilisation des apiculteurs et des ONG contre les néonicotinoïdes, une classe d’insecticides systémiques particulièrement toxiques pour les abeilles, l’EFSA publie en janvier 2013 un avis sur la toxicité de trois de ces substances : la clothianidine, l’imidaclopride, et le thiaméthoxame. Elle conclut à des risques conséquents pour les abeilles après les avoir testées à l’aide des nouveaux « tests abeilles » qui seront présentés, quelques mois plus tard, dans son Bee Guidance Document.

Grâce à cet ensemble de tests démontrant la toxicité des néonicotinoïdes, plusieurs niveaux d’interdiction entreront en vigueur : l’efficacité de ces protocoles entraînera alors une contre-offensive de l’agrochimie pour tenter d’empêcher leur mise en place.

Pour en savoir davantage, lisez le premier volet de l’enquête.

Un avenir moins toxique pour les abeilles ? L’agrochimie contre-attaque.

Dans les commentaires de l’ECPA se retrouvent les principaux arguments qui seront poussés par l’industrie tout au long des négociations secrètes, et repris par certains États membres de l’Union européenne. Pour faciliter leur lisibilité tout au long de l’enquête, ces arguments seront passés en gras :

  • L’EFSA propose de fixer l’objectif spécifique de protection6 des abeilles mellifères à 7 %. Traduction : pour pouvoir être autorisée, une substance pesticide ne doit pas entraîner la mort de plus de 7 % des abeilles d’une colonie qui y aurait été exposée (soit 2 points de plus que le taux de mortalité naturelle fixé à 5 % à partir d’études réalisées avant l’utilisation des néonicotinoïdes).> L’industrie refuse cet objectif de protection trop contraignant, considérant que sa « pertinence biologique » est « discutable »7. Qu’importe si, comme le précise l’autorité sanitaire, ce chiffre a été validé préalablement par la majorité des États membres de l’Union européenne.
  • Pour faire respecter ce maximum de 7 % de mortalité, l’EFSA a établi une valeur seuil de toxicité chronique qui ne doit pas être dépassée. Traduction : la valeur seuil – calculée à partir d’une formule à trois facteurs – doit assurer que, lorsqu’un échantillon est exposée pendant 10 jours consécutifs à une substance pesticide, cela n’entraine pas la mort de plus de 7 % des abeilles qui le composent.> L’industrie juge cette valeur seuil « trop conservatrice ». Autrement dit, elle protégerait trop les abeilles, dont les bourdons, et pas assez les intérêts économiques des multinationales de l’agrochimie. Selon le lobby de l’agrochimie, 95 % des substances actives ne valideraient pas le premier palier d’évaluation en laboratoire et devraient donc être évaluées aux paliers suivants8, ce que l’industrie juge inacceptable. Le lobby se fonde sur une « étude d’impact » réalisée par ses soins et dont dont il ne donnera pas les références avant 2017.
  • Source : https://www.pollinis.org/enquete/le-scopaff-contre-les-abeilles-histoire-dun-scandale-environnemental-europeen/un-comite-europeen-complice-de-lindustrie-des-pesticides/

Nos réseaux sociaux

Articles récents

L’AFP FACE À HOLD-UP L’IM-POSSIBLE PROCÈS ?

A l’occasion de son procès contre l’Agence France Presse, la première agence mondiale d’information, Pierre Barnérias sort de son silence et revient sur cette censure historique dont a fait l’objet