MONSANTO L’UNE DES ENTREPRISES LES PLUS CONTROVERSÉES DE L’ÈRE INDUSTRIELLE…

RAPPELONS-NOUS…

(Re)voir l’émission d’Envoyé Spécial consacrée aux scandales de Monsanto :

« Agriculture et Liberté »

C’est le nom d’un (faux) groupe d’agriculteurs français qui assurent s’être “unis pour protéger [leur] mode de vie et [leurs] moyens de subsistance” et défendre l’agriculture et la production alimentaire en France.

Scandale et Propagande

En réalité, ce groupe est composé en partie de faux fermiers. Il s’agit d’une campagne menée par Red Flag, organisation de lobby qui travaille pour Monsanto, et qui a créé ce genre d’entité dans au moins sept pays d’Europe pour “donner des informations factuelles” aux agriculteurs et aux citoyens afin qu’ils puissent se faire leur propre avis sur le glyphosate.

Leur mission ? Se présenter dans les salons et foires agricoles afin de vanter les bienfaits du glyphosate. Dans leur enquête, nos chargé.e.s d’investigation ont notamment retrouvé des témoignages d’hôtesses présentes dans certains de ces salons, qui affirment avoir été briefées pour distribuer des documents de “clarification de la vérité” sur le pesticide et à recueillir des signatures pour en défendre l’utilisation.

Bayer-Monsanto monterait ainsi de toute pièce, via le cabinet Red Flag, un groupe de lobby qu’il paierait afin qu’il agisse dans toute l’Europe dans le seul objectif de vanter les bienfaits du glyphosate, classé comme probablement cancérigène par ailleurs par le Centre international de recherche contre le cancer (CIRC), agence de l’OMS. Ces agissements démontrent l’avidité du groupe, prêt à tout pour semer le doute sur la nocivité de ses produits et ainsi servir ses intérêts financiers.

Une société qui a 121 ans

La société Monsanto a été créée en 1901 à Saint-Louis, dans le Missouri aux États-Unis par John Francis Queeny qui choisit le nom de famille de sa femme pour nommer son entreprise. Cette dernière a d’abord produit de la saccharine, un puissant édulcorant artificiel utilisé pour sucrer les aliments et les boissons, puis s’est lancée dans l’agrochimie à partir des années 1940. Monsanto a notamment été impliquée dans de multiples accidents industriels et scandales sanitaires, notamment concernant l’agent orange utilisé pendant la guerre du Vietnam.

C’est en 1960 que Monsanto créé sa division Agriculture, spécialisée dans les engrais. En 1976, le Roundup est lancé sur le marché. Puis Monsanto met au point la première cellule de plante génétiquement modifiée avant de se spécialiser dans les OGM. Conçues pour résister au même Roundup, les premières semences génétiquement modifiées sont commercialisées à partir des années 90. Dix ans plus tard, Monsanto est devenue une société de biotechnologie à part entière. En 2000, le groupe fusionne avec Pharmacia avant de s’en séparer en 2002 et de devenir la «Monsanto Company», spécialisée dans l’agro-industrie. En quinze ans, Monsanto devient leader mondial des semences, à coups de multiples rachats.

Convoitée, la firme américaine est finalement rachetée par Bayer, géant chimique et pharmaceutique. Après un an et demi de négociations, le groupe allemand vient de boucler la transaction en juin dernier déboursant près de 63 milliards de dollars pour avaler cette entreprise qui incarne, pour ses détracteurs, toutes les dérives de l’agrochimie. Une fois la mégafusion terminée, le groupe allemand a rapidement fait savoir que la marque Monsanto devrait être abandonnée. Monsanto avait lui-même autrefois songé à changer son nom.

• Un poids lourd de l’agrochimie

Monsanto est un groupe qui emploie aujourd’hui 20.000 personnes à travers le monde, dont quelque 500 salariés en France. Selon le rapport annuel 2017, son bénéfice net a dépassé 2 milliards de dollars, pour un chiffre d’affaires de près de 15 milliards. Parmi les marques développées par le groupe américain bien connues des agriculteurs on peut citer Dekalb (semences de maïs, colza), Seminis (semences potagères), De Ruiter (semences potagères). En outre, le groupe empoche de confortables royalties sur les brevets et licences qu’il détient. Monsanto capte au total 30% du marché mondial des OGM.

Par ailleurs, Monsanto a également investi massivement dans le «big data» : la nouvelle filiale de Bayer vise le traitement de mégasdonnées, notamment les systèmes de prévisions météorologiques. Objectif: s’adapter aux changements climatiques, qui peuvent avoir des effets sur les maladies et les insectes. Et explorer les marchés encore peu exploités dans le monde, notamment l’Afrique ou l’Amérique du Sud. L’entreprise s’est également lancée dans les pesticides bio, pour s’adapter aux évolutions de l’opinion publique et des pratiques des agriculteurs.

• Des produits controversés

Produit phare de Monsanto, le Roundup est l’herbicide le plus utilisé au monde (25% du marché mondial des herbicides) commercialisé sous diverses marques, depuis que le brevet est tombé dans le domaine public en 2000. Ce produit contient du glyphosate, une substance controversée qui fait l’objet d’études scientifiques contradictoires quant à son caractère cancérigène. Il est aussi accusé d’être néfaste pour l’environnement et de contribuer à la disparition des abeilles, ou encore d’être un perturbateur endocrinien. Le glyphosate est au cœur de milliers de procédures aux États-Unis, à des degrés divers d’avancement.

En mars, Monsanto a été lourdement condamné par un tribunal aux États-Unis à verser plus de 80 millions de dollars à un retraité malade d’un cancer qu’il attribue au Roundup. Contenant du glyphosate, ce pesticide serait, selon le plaignant à l’origine de sa maladie. En août dernier, le géant agrochimique américain avait déjà été condamné à verser près de 290 millions de dollars à un jardinier américain, Dewayne Johnson, atteint du même cancer. Cette somme a ensuite été ramenée à 78,5 millions de dollars. Le groupe pharmaceutique allemand Bayer, nouveau propriétaire de la multinationale américaine, a décidé de faire appel de ces décisions judiciaires et n’entend pas arrêter la production du glyphosate.

Un autre produit de Monsanto, le Lasso (contenant de l’alachlore) a été interdit dans plusieurs pays depuis que la justice française a condamné en appel en septembre 2015 le groupe américain à indemniser un agriculteur, intoxiqué en 2004 par des vapeurs émises par cette substance. Monsanto s’est pourvu en cassation. Par ailleurs, depuis 20 ans, l’autorisation de cultures d’OGM dans l’Union européenne suscite polémiques, controverses et batailles juridiques. Aux États-Unis, des agriculteurs ont été déboutés à plusieurs reprises par la justice dans des tentatives pour contester les cultures de semences OGM de Monsanto.

SOURCE LE FIGARO 2018

POUR EN SAVOIR PLUS
"lE mONDE SELON MONSANTO" LE DOCUMENTAIRE

Le Monde selon Monsanto

Marie-Monique Robin, la réalisatrice de ce documentaire, montre la puissance du leader mondial en OGM: « Monsanto » et toute sa politique de destruction de l’agriculture dans le but de contrôler les semences de la planète au nom du profit !

Le documentaire

Monsanto, multinationale américaine née en 1901 à Saint-Louis, dans le Missouri, et d’abord spécialisée dans l’industrie chimique, est devenu en un peu plus d’un siècle le leader mondial des biotechnologies, en particulier sur le marché des organismes génétiquement modifiés (OGM). Elle détient les brevets de 90 % du maïs, du soja, du colza, ou du coton transgéniques cultivés dans le monde. Par le biais de rachats successifs, elle est en train de devenir le premier semencier de la planète et à terme, c’est la chaîne alimentaire tout entière qu’elle pourrait contrôler. Mais c’est d’abord avec le Round Up, son herbicide « total » (longtemps estampillé « biodégradable ») qu’elle a commencé, à partir de 1974, à conquérir le monde. On lui doit aussi des produits aussi variés que le terrible Agent Orange, massivement déversé sur le Viêt-nam par l’armée américaine, les PCB (pyralène en France, interdit au début des années 80), l’aspartame ou les hormones de croissance (interdites en Europe et au Canada). Monsanto, avertit Marie-Monique Robin, est l’une des entreprises « les plus controversées de l’ère industrielle ».

« Nourriture, santé, espoir » : sur son site, la firme de Saint-Louis promet une agriculture durable, aux rendements supérieurs, respectueuse de l’environnement. Journaliste d’investigation chevronnée, couronnée du Prix Albert-Londres en 1995, la réalisatrice a décidé de juger sur pièce, y compris en explorant le passé de l’entreprise. Sa première étape la mène à Anniston, en Alabama, où 40 % de la population, majoritairement noire, souffre de cancer. En 2002, Monsanto a été condamnée par la justice à lui verser 700 millions de dollars pour avoir dissimulé pendant des décennies la dangerosité des PCB…

Monsanto Evolution

Cobayes

Implacablement, d’Anniston jusqu’au Paraguay en passant par l’Inde, la Grande-Bretagne ou le Mexique, Marie-Monique Robin collecte des faits aussi alarmants qu’irréfutables et démonte point par point le discours de Monsanto. Elle démontre que, dans le dossier des OGM, les réglementations américaine et européenne ont été directement influencées, sans validation scientifique valable, par des alliés de la firme placés à des postes-clés au sein d’une administration toute sauf indépendante. Elle expose les stupéfiantes méthodes utilisées par la multinationale pour discréditer ses adversaires, mais aussi intimider les agriculteurs à domicile.

Elle laisse entrevoir enfin la catastrophe en germe dans les visées hégémoniques de Monsanto sur les semences du monde, dont les paysans indiens ou paraguayens subissent aujourd’hui les conséquences. « On ne devrait pas utiliser les citoyens comme des cobayes. » Pour avoir exprimé ses inquiétudes à propos des OGM sur un plateau de la BBC, le biologiste Arpad Pusztaï fut licencié du jour au lendemain.

Quelques années plus tard, Le Monde selon Monsanto donne une ampleur planétaire à cet avertissement.

Acheter le film

Dans la boutique ARTE: www.boutique.arte.tv

Le monde selon monsanto - Film documentaire

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